Notre métier de Tanneur mégissier

 

Qu’est-ce que la Tannerie ?

Fabriquer du cuir est un procédé complexe qui, plusieurs fois millénaire, repose sur le recyclage des peaux brutes issues de notre alimentation, celle des Hommes. Ces cuirs permettent la création de nombreux accessoires, outils ou vêtements, tous durables, variés et résistants.

Bien évidemment, les méthodes de fabrication ont fortement évolué depuis l’Antiquité, notamment à la fin du 19e siècle en Europe, mais la production par « lot-couleur » reste un artisanat subtil où l’Homme reste intensément présent à toutes les étapes.

Si l’activité se modernise encore de nos jours, le cycle de fabrication suit sept grandes étapes immuables :

  1. Sélection des peaux brutes
  2. Retannage-teinture
  3. Essorage et la sèche
  4. Corroyage
  5. Finition ou pigmentation
  6. Contrôle qualité en fini
  7. Mesure, conditionnement et expédition

1. La sélection des peaux brutes

Livrées à la mégisserie à l’état de « crust » en grandes quantités, les peaux brutes sont triées et classées selon leurs tailles, forces et défauts. La sélection dépend de la destination et de l’usage futur du cuir fini tel que choisi par le client. À ce stade, chaque peau est appréciée pour ses différences, ses caractéristiques propres et naturelles (« main » plus ou moins souple, aspect du grain, résistance…) pour tirer le meilleur parti de ce qu’offre le stock disponible. L’allocation des choix est optimisée.  

crust - peaux de chevre

La peau est le reflet de la vie de la bête, et tous les incidents de parcours de l’animal peuvent se lire sur un cuir brut.  À ce titre, seul un élevage respectueux et une bonne vaccination garantissent l’absence de blessure et de maladie de peau. Enfin, avec des méthodes d’abattage dignes et bien organisées, la filière amont peut offrir aux tanneurs toutes les garanties d’un cuir brut de qualité.

Cette première étape de sélection et d’orientation des choix est primordiale pour adapter la « base matière » à sa destination finale : cuir « pleine fleur », velours, grain rectifié ou nubucké…

Ici, s’exprime l’expérience du « classeur », sa compétence et sa prise de risque, en toute humilité…

2. Le retannage-teinture

Selon la nature du cuir fini commandé, notre équipe élabore des recettes de retannage adaptées et sélectionne les tanins, les nourritures et les colorants nécessaires.

Ces formules, calculées en proportion du poids du cuir « mis à l’eau », requièrent un protocole d’exécution stricte avec des températures déterminées, des temps de rotation plus ou moins longs, des pHs spécifiques….  L’ensemble du processus dure, selon le type de cuir, 12 à 36 heures.

le retannage - teinture - Alran

Une fois les peaux mises à l’eau dans le foulon, la rotation alternée du tonneau sur son axe assurera un brassage lent, « l’effet de masse » permettant une pénétration homogène de tous les produits au cœur de la fibre des peaux du lot.

Ici, s’exprime la compétence empirique des teinturiers, qui connaissent leurs outils, apprécient les teintes et assurent la répétabilité des processus et formulations.

3. L’essorage et la sèche

Sorties des foulons, les peaux gorgées d’eau sont « établies », posées sur des chevalets en bois pour que l’eau s’égoutte lentement pendant 12 heures. L’évacuation de l’eau restante sera alors obtenue par un essorage mécanique ; c’est l‘opération de « mise au vent ».    

Encore humide, les peaux sont suspendues en étuves ou à l’air libre, jusqu’au séchage complet.

3 - la seche - la tannerie - alran

4. Le corroyage

Le corroyage - Alran - notre métier

Le cuir, est maintenant qualifié de « tranché », car teinté dans la masse ; il va pouvoir être travaillé mécaniquement de manière plus affinée.

Sur peaux sèches ou humides, selon le résultat recherché, de multiples opérations sont possibles pour révéler les caractéristiques du tannage préparé au tonneau : refente, lustrage, dérayage, liégeage, palissonnage, foulonnage, ponçage…

Pour chaque opération, une machine spécifique qu’il faut maîtriser, des gestes répétés et ajustés qu’il faut régler pour chaque type de matière. Ici, s’expriment les compétences longuement acquises des corroyeurs. Le sens de l’observation, l’empirisme et la répétabilité sont les guides quotidiens de l’action.   

5. La finition

Tous les cuirs ne passeront pas nécessairement par cette opération. Certains dits « aniline », ne subissent aucun traitement de surface ; ils gardent ainsi un toucher naturel et freinant, avec une transparence légèrement nuancée de leur teinte.

Pour les cuirs « pigmentés », la perception couleur est plus saturée mais surtout plus intense et les opérations d’apprêt de surface permettent d’imperméabiliser, d’améliorer la résistance aux taches et aux frottements, et enfin d’assurer la résistance à la lumière.

Arnal - cuir de chevre - la finition

Les apprêts sont appliqués, soit au moyen d’aérographes, soit par contact de cylindre offset. Ils permettent de nombreuses options esthétiques pour les brillances, les couleurs et touchers.

Ici, s’exprime l’expérience des coloristes, leur capacité à reproduire la couleur des échantillons reçus, et suivre, à long terme, lot après lot, une tonalité déterminée

6. Le classement final

Avant expédition, un dernier contrôle exhaustif de chaque peau est opéré selon le cahier des charges de l’article.

Ce contrôle atteste que chaque peau, de chaque lot, est revue avant départ de l’atelier et que la qualité est objectivée à l’aune des critères d’appréciation du cuir commandé. Le classement se fait selon des choix, appelés aussi « grades », dont les proportions par lot déterminent le prix moyen au mètre carré.

le controle final du cuir - alran

Ici, s’exprime le « classeur de fini », qui jugera chaque peau selon sa main (ronde ou ferme), sa force (épaisseur), sa couleur (conforme, ou pas, à un tunnel de tolérance prédéfini), et tous ses défauts (marques, piqûres, griffes, et galles…).

À ce moment précis, l’essentiel est le « retour » fait au reste de l‘équipe. Des commentaires efficaces, amenés à chacun, permettront l’amélioration continue et progressive des futures mises en travail

7. La mesure et le conditionnement

À l’aide d’outils numériques, notre machine à lecture optique (mesureuse), scanne chacune des peaux, pour en connaître la surface exacte.

À cette occasion, la mesure et le grade sont imprimés « côté chair » de chaque peau, ce qui permettra un conditionnement clair, en rouleau ou à plat, avec une traçabilité facilitée des choix chez les artisans destinataires.    

Enfin, les colis sont acheminés par nos partenaires de transports dans le monde entier.

Ici, s’exprime la rigueur des magasiniers, dont la connaissance des matières et la maitrise du conditionnement garantissent la protection des cuirs pendant les transports, vers la France ou les destinations plus lointaines.

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